Like me

dimanche 5 septembre 2010

Madjo - EPK Trapdoor In a Wall


Sortie le 13 septembre !

MADJO « Trapdoor » (Casablanca Records/Universal Music)

A 27 ans, si Madjo n’a pas encore pris ce pli sagement amidonné des chanteuse pro, elle n’a pas non plus ce froissé coupable de celles qui s’éveillent trop tôt à la lueur plein phare des hypes éphémères.

C’est donc sans doute l’âge idéal pour propulser hors de soi un trop plein de musiques, de sons, d’images et d’histoires et les consigner dans un premier album qui séduit d’emblée pour son mélange habilement dosé de fougue et d’assurance. Le mélange, d’ailleurs, fait partie de son histoire, un quart de sang africain hérité d’un grand-père Sénégalais irrigant des racines familiales dont la source, autrement, se situe à Evian. C’est ainsi en souvenir radieux de son enfance sur les hauteurs savoyardes qu’elle a adopté ce nom, Madjo, qui est celui de la maison dans laquelle elle a grandi.
Madeleine et Joseph étaient les prénoms des anciens propriétaires, ça tient parfois à pas grand-chose les jolies histoires. Car ce nom, dès lors, il y a de sérieuses chances pour que l’on s’en souvienne longtemps, happé par cette voix magnétique, gorgée de soul, fièrement dressée sur des musiques aux résonances multiples, qui paraissent comme remontées d’un torrent d’influences et n’étouffent pourtant jamais sous leur poids. Les compositions viendront naturellement, inspirées par quelques belles sirènes américaines du nom de Rickie Lee Jones, Joni Mitchell ou Fiona Apple.
La chanson française l’intéresse moins, la soul authentique l’aide à trouver sa voix et la fréquentation assidue des souterrains les plus actifs de la pop contemporaine – de TV On The Radio à Animal Collective – lui procure des sensations dont sa musique en gestation se troublera avantageusement.
Car voilà, le premier album de Madjo est un objet singulier, inclassable, à la fois charmeur et expérimental, empli de ferveur et pourtant vibrant d’autres choses que d’un simple songwriting, lequel est néanmoins déjà remarquable.Après des années d’apprentissage et de tâtonnements, la rencontre entre Madjo et le musicien et arrangeur Sébastien Lafargue a précipité et décanté les belles évidences dont est rempli ce premier album.
Mixé par Mark Plati (Bashung, entre mille autres), c’est un premier album qui surprend par sa volonté de bousculer l’ordonnance naturelle de l’écriture de chanson, comme s’il avait été composé dans un demi-sommeil lunaire entre les songes et la réalité, les chants d’oiseaux de nuit (Catch the bird, Le Cœur hibou) et celui des héroïnes blues folk de Greenwich Village.

A la foi storytelleuse confidente (Leaving my heart) et gardienne d’un bestiaire fauve (Lion), Madjo possède à l’évidence ce que d’autres pourraient mettre une vie entière à capturer. A 27 ans, c’est miraculeux, et Le Nid des 100 soucis dans lequel elle vient d’éclore devrait très bientôt faire l’objet de toutes les attentions.